En des jours froids de novembre 1993 vingt villes européennes sont éveillées à une surprise. Dans la place centrale se pavanait une figure noire, deux mètres en haut, d’un porc vêtu d’homme. Une plaque en cuivre proclamait :
Ma Bête Intérieure - Animal aux instincts les plus bas. Grandit lorsque l’être humain est fait l’objet de violence, humiliation et est traité sans respect. S’attaque aux valeurs étiques de l’homme. Peut s’emparer totalement de chaque individu, de groupes sociaux et dans cas extrêmes de toute une population.
La Voilà ! Lugubre, mais à la fois reconnaissable par sa ressemblance d’homme. Tout d’un coup le symbole non équivoque nous confronta comme un miroir avec les aspects les plus déplaisants de l’homme. Une manifestation artistique s’était mise en marche.
Le bilan au 10ème anniversaire de l’événement est déprimant. Malheureusement la sculpture n’a nullement perdu d’actualité. S’impose plus que jamais la question des mesures que nous acceptons d’implémenter pour garder notre richesse à nous. Allons nous construire un nouveau ‘mur de Berlin’ pour retrancher l’Europe privilégiée contre le flux des réfugiés de guerre, les nécessiteux et les immigrés? Si nous le faisons, pouvons nous continuer d’invoquer nous idéaux de liberté, égalité, fraternité?
Nous avons entamé une recherche des Bêtes. Voir l’histoire à l’internet www.aidoh.dk. Aidez-nous à retrouver les sculptures disparues. Elles ont disparues sans trace à Paris, Lyon, Marseille, Genève, Zurich, Milan, Berlin, Bruxelles…..
Nous avons amené deux Bêtes, 14 Garçons Affamés et l’immense Survival of the Fattest à Paris. Les sculptures portraiturent notre monde grotesque. L’homme affamé est prêt à s’affaisser sous le pois de la femme colossale (Justitia). La sculpture exprime la morale à double sens du monde occidental. Nous nous vantons de protéger la justice et les droits humains, et à la fois nous refusons d’accepter des conventions qui pourrait améliorer les conditions du tiers monde. Les 14 Garçons Affamés représentent le résultat : la famine. Chaque jour 30.000 enfants meurent de faim.
Jens Galschiot, né en 1954, sculpteur. Il met son art à service de la défense du fondement éthique de notre civilisation, sans regard à intérêts politiques, religieux et économiques. Ses événements artistiques fonctionnent comme des pièces de théâtre gigantesques. Tout d’un coup ses sculptures surgissent dans l’espace publique et déclenchent le spectacle. Les politiciens, la presse et le public se trouvent impliqués comme acteurs.
À plusieurs reprises Galschiot a été accrédité comme ONG à conférences internationales. Ses manifestations sculpturelles surgissent aux centres des événements. La Colonne de l’Infamie (8 mètres en haut) a été érigée à Hongkong, Mexique et au Brésil pour retenir la mémoire de massacres sanguinaires. La Messagère participait la campagne Jubilée 2000 pour la remise des dettes.
Les manifestations sont préparées dans l’atelier et la fonderie de l’artiste de milliers de mètres carrés. Les projets sont réalisés en co-opération avec innombrables volontaires du Danemark et l’étranger. Ils sont financés par la vente de sculptures en bronze de Galschiot à collectionneurs d’art.
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| 2003: European Social Forum, Paris |