Le Happening Culturel:

Ma Bête Intérieure

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Une bête parcourut l'europe..
But du happening
Histoire de Ma Bête Interieure
Le happening fut une réussite
Les différentes réactions - sens symbolique
L'histoire de ce qu'il advint de la bête ..
En Europe

Des bombes dans la bête
Nouveaux emplacements
Danemark
Les bêtes disparues
Dans les pays nordiques
Une grosse perte économique.
Le happening n'est pas fini


Une bête parcourut l'europe...

Au petit matin de trois journées de novembre 1993, une surprise attendait les habitants de vingt villes d'Europe. Au milieu de la place principale de leur ville se dressait un personnage noir de plus de 2 mètres de haut, représentant un lugubre cochon habillé en homme. Sur le socle de la sculpture une plaque en laiton précisait, entre autres, qu'il s'agissait de "Ma Bête Intérieure" - 'une bête aux instincts les plus bas qui se développe lorsque les êtres humains sont victimes de violences et d'humiliations. Elle s'attaque à la base de nos valeurs éthiques et peut s'emparer totalement d'un individu - voir même dans des cas extrêmes de toute une population!'

Elle était là, inquiétante, mais aussi reconnaissable dans son apparence humaine. Comme devant un miroir, nous nous trouvions tout à coup face à face à un symbole clair des aspects les plus repoussants de l'homme.

En tant qu'évênement culturel absolument pacifique, la mise en place se déroula dans l'anonymat et sans préavis dans les vingt grandes villes et ceci dans l'espace de deux jours et demi. Pendant ce temps, les télécopieurs sonnaient chez la police et les maires des villes. Le pseudonyme "Cogito" (je pense, en latin) y expliquait que le but du happening culturel était d'attirer l'attention sur l'augmentation de la violence, intolérance, racisme et persécution des minorités qui se manifestent chaque jour en Europe. En plus il informait que la sculpture était un cadeau à la ville et il était demandé de laisser la sculpture sur la place choisie pendant 14 jours, la ville manifestant ainsi l'importance qu'elle accorde au problème du racisme.

 

But du happening

Le sculpteur Jens Galschiøt Christophersen qui, soutenu par une centaine de volontaires, est l'initiateur de ce happening explique: - "La Bête Intérieure" symbolise les tendances qui se développent en nous lorsque nous nous sentons acculés; elles peuvent nous faire renoncer aux principes humanistes les plus élémentaires. Je redoute que ceci ne se produise car j'en vois actuellement des tendances en Europe où le contraste entre nous, les privilégiés de l'Europe riche d'un côté, et "les autres", ceux qui fuient la guerre, les immigrants ayant une autre religion, les pauvres ... de l'autre côté, augmente de jour en jour.

Pour moi la question est de savoir jusqu'où nous voulons aller pour éviter de tolérer les autres et de partager avec eux. Devrons-nous construire un nouveau mur de Berlin, cette fois-ci autour de l'Europe riche et pacifique? Et si nous le faisons, pourrions-nous toujours nous définir comme des êtres humains porteurs d'une morale et éthique démocratique et humaine.

 

Histoire de Ma Bête Interieure

Mon idée était de montrer que ce ne sont pas les pauvres et les immigrés qui menacent l'Europe d'aujourd'hui, mais notre bête intérieure. Ce que nous devons craindre c'est ce que nous portons en nous - et non "les autres". C'est la bête intérieure qui détruit lentement les bases de nos valeurs éthiques et qui nous fait oublier que les principes démocratiques et humanistes qui sont le fondement des états européens doivent être valables pour tous - si nous voulons mériter le nom d'humains.@

Et il poursuit: "En temps qu'artiste, je n'ai pas de réponse à ce difficile dilemme, mais je ressens très fortement le devoir de m'impliquer à ma manière. J'ai essayé d'exprimer mon anxiété par rapport au développement en Europe. C'est pourquoi j'ai fait une sculpture laide, presque repoussante, mais sous une forme où nous pouvons tout de même nous reconnaître. C'est aussi pourquoi je l'ai faite apparaître tout à coup, inattendue, sur une place au milieu de la ville où nous nous déplaçons quotidiennement."



Le happening fut une réussite

Les vingt "Bêtes Intérieures", toujours éparpillées de par l'Europe, ont suscité des remous presque partout où elles se trouvent. Des milliers de gens sont passés devant la sculpture, ont lu la plaque d'inscription, ou bien ils ont vu ou entendu parler de l'événement à la télévision où son image est souvent utilisée comme symbôle, ou bien ils l'ont lu dans les journaux. "Ma Bête Intérieure" tente, de plusieurs façons, de montrer la complexité et les dilemnes liés à la question du racisme et de l'immigration en Europe.

En tournant notre regard sur nous-mêmes - notre bête intérieure -, et ceci dans toute l'Europe à la fois, le happening a montré que le racisme et l'intolérence ont une dimension à la fois européenne et individuelle. Le fait que la provocation vienne d'un bord inattendu, à savoir le monde artistique, signifie que le débat ne va pas se porter sur des partis politiques, mais sur un problème profondément universel: -Qu'advient-il de nos notions d'éthique et d'humanisme dans une Europe qui devient de plus en plus raciste et intolérante? La Bête devint donc une représentation concrète du racisme et une provocation dans un débat souvent subjectif sur le racisme. Le happening fut un succès.

 

Les différentes réactions - sens symbolique

Les réactions provoquées par la sculpture dans les 11 pays européens furent très diverses. La plupart du temps, la sculpture a pu rester les 14 jours demandés par l'artiste, dans d'autres endroits elle fut rapidement enlevée et mise sous clé, retranchée dans un dépot communal ou dans une fourrière. Dans plusieurs ville, elle put rester plusieurs mois, jusqu'à ce qu'on lui trouve un lieu permanent, reconnaissant ainsi l'importance de la question soulevée, - dans d'autres endroits on a tenté de la cacher, l'oublier, l'ignorer.

"Les Bêtes Intérieures" ont beaucoup de fonctions différentes selon le sort qui leur fut réservé. Par exemple une société de logement de Copenhague l'a récupérée et placée sur l'une de ses places et à Bonn, elle se trouve près d'un grand musée d'art. A Copenhague elle déclenche le débat dans l'espace de la ville, et à Bonn c'est un réel objet d'art - mais quelqu'en soit l'emplacement, elle fonctionne inévitablement à la fois comme déclencheur de débat et comme objet d'art."

Quoiqu'il advienne de la sculpture, elle symbolisera et reflétera la manière dont chaque pays aborde les problèmes. Cela fait partie intégrante de l'idée et de la conception du happening. Qu'en certains lieux, on ait choisi de l'ignorer, peut être lié à différents facteurs, mais l'un d'eux est qu'il est à la fois controversé et dangereux de discuter du racisme. Jens Galschiøt dit: "Que ce soit à Milan où on l'enferme à double tour, en France où on l'ignore, pour ne pas citer Genêve, ville de diplomates où elle a tout simplement disparu, partout elle a eu une fonction symbôlique."

Maintenant c'est à chaque ville de décider ce qu'elle veut faire de sa "Bête Intérieure", ce n'est pas moi qui peut le faire. "Si la municipalité n'en veut pas, c'est à la population, un organisme, une personne privée ou quiconque pensant savoir où "on a besoin" d'une bête intérieure d'agir. Vous pouvez contacter la municipalité et aller chercher la sculpture", souligne l'artiste qui ajoute: "Je ne doute pas qu'il se trouve de par l'Europe des gens qui pensent que cette sculpture doit être exposée en plein jour et fonctionner comme catalyseur de débat, au lieu de rester cachée dans un dépôt sombre".

 

L'histoire de ce qu'il advint de la bête ..

EN EUROPE

Le happening jeta à la fois les politiciens et les administrateurs dans une grande perplexité. Ce n'est pas non plus tous les jours qu'arrive sur le bureau d'un maire une télécopie qui parle d'un cochon faisant l'objet d'un happening européen réalisé par un artiste inconnu. Peut-être était-ce un problème que dans certains pays de l'Europe du Sud, on ne fait pas de corrélation immédiate entre le racisme, la violence et l'image d'un cochon (l'expression vient de l'Allemand "schweinhund") - alors que le probléme du racisme et de l'intolérance est malheureusement plus qu'actuel comme par ex. en Italie, après les dernières élections, et en France où la blasphémation de cimetières juifs et les bagarres entre Français et immigrants ne sont pas des faits inconnus. Mais avec l'expression "La Bête Intérieure" qui est une traduction de "le chien-cochon intérieur" dans les langues de l'Europe du sud, un nouveau concept linguistique lié au racisme et au chauvinisme national a été introduit dans ces pays.


Des bombes dans la bête

A Milan la sculpture fit du raffut. Peu de temps après qu'elle ait été posée, elle fut emmenée en lieu sûr et on chercha si elle contenait une bombe. Elle était placée près du logement d'un juge, disent les journaux. Un philosophe, un expert en art et un commentateur de politique se sont exprimés à la presse sur ce phénomène. L'un pensait que l'auteur de la sculpture devait être un Allemand. La précision avec laquelle la sculpture a été placée dans la secret, son grand manteau noir, le net message pédagogique et politique et biensûr la présence d'une jeune-fille blonde reperrée par plusieurs témoins lors de la pose de la statue, tout cela laissait supposer "une typique action allemande". Pour les Italiens il n'y a pas loin entre "précision, manteau noir, jeune-fille blonde" et la possibillité d'une bombe de terroristes.

La problèmatique symbolisée par "le chien-cochon" a pris de l'actualité après les dernières élections, où la droite fascisante a obtenu un nombre étonnant de voix - et pour la première fois depuis la 2ème guerre mondiale a mené des fascistes dans les rangs ministériels. C'est peut-être la raison pour laquelle on a, dans le bureau du maire, décidé d'enterrer le cas et ne souhaite pas commenter le happening. La sculpture se trouve bouclée dans un dépôt communal.


A Barcelone non plus il n'avait pas été demandé de permission, mais ici le happening avait été annoncé parce qu'on désirait divulguer qui se cachait sous le nom de cogito. C'est pour cela qu'il y avait tout un déploiement de presse, y compris les chaines de télévision nationales espagnoles, lorsque la sculpture fut installée sur la "Plaza Rei Juan Carlos". Le même jour, la sculpture "Mi Bestia Interior", comme on dit en espagnol, fut montrée aux actualités et dans les journaux.

Et pendant les trois jours où la sculpture resta, de nombreux passants curieux s'arrêtèrent: peut-être se souvenaient-ils qu'il y a moins de 20 ans la mentalité fasciste avait le pouvoir en Espagne avec le dictateur Franco ou peut-être espéraient-ils que les forces fascistes qui avaient récemment défilé en Espagne ne reviendraient jamais au pouvoir. Longtemps après le happening, personne, même pas le chef d'information de la municipalité, ne voulu commenter l'évênement.

Mais à l'automne 1994, l'artiste fut invité à une réception chez le maire de la ville. Un fonctionnaire énergique a pris les choses en main. Le 12 novembre 94, la sculpture a trouvé une place permanente à Barcelone dans un parc près de C/Torrent Gornal.


Nouveaux emplacements

Peut-être est-ce également l'expérience de l'histoire qui fait qu'en Allemagne et en Autriche, La Bête a été si bien accueillie. "Ma Bête Intérieure" se trouve actuellement à Bonn dans le Hall d'Exposition et d'Art de la République Allemande. "Là elle pourra être vue par le public et là elle restera", a-t-on confirmé au Musée de Bonn. À Berlin la sculpture est restée jusqu'en février 1994 sur la place la plus sacrée de l'Allemagne réunifiée, devant la Brandt Burger Tor. Cependant, aucune des 6-7 sections communales auxquelles nous avons été renvoyées ne sait où se trouve actuellement la sculpture.

Il n'en fut pas de même à Munich dans le Sud de l'Allemagne. Le maire a dit que si le responsable du happening venait à Munich, il devrait compter sur une importante note, en raison des frais supportés par la commune. Le problème fut vite résolu car la municipalité s'est dépêchée de placer la sculpture hors de vue. Parmi les personnes qui, intéressées par la sculpture, se sont adressées à la municipalité, se trouvait une dame collectionnant les cochons de tous les coins du monde.

Elle a été cherché la sculpture à la fourrière de Munich en payant les frais de la municipalité, naturellement! Maintenant la sculpture, baptisée Edward, se trouve dans son jardin et fait l'objet de nombreux commentaires de la part des passants. Le message du happening fut pour elle une bonne surprise, mais elle est aussi satisfaite que la sculpture, avec ses 2m30, soit la plus grande de sa collection de cochons.

En Autriche, Romuald Niescher, maire de Insbruck a envoyé une belle lettre où il remercie de cet étonnant cadeau. Il a dit à la presse autrichienne que c'était une manière fascinante d'évoquer sa propre bête intérieure. C'est pourquoi il a décidé que le département culturel de la ville devait trouver un emplacement pour la sculpture et il a invité Jens Galschiøt àInsbruck aux frais de la ville. La sculpture est maintenent définitivement installée dans un parc de la ville: 'Le parc de Rapoldi' où elle a été officiellement posée en décembre 1994.


Danemark

Au Danemark, pays de l'artiste, le message du happening et de la sculpture fut bien reçu. Il fit l'objet d'un débat passionné parmi les habitants et il fut largement cité dans la presse, TV, radio, sans compter les journaux de gauche et de droite.

Dans les quatre villes de Århus, Copenhague, Herning et Odense, les sculptures sont restées sur les meilleures places de la ville plus de 6 mois après le happening. Bien que les maires n'acceptent pas le côté illégal du happening, la non demande de permission, ils ont fait des déclarations favorables au happening. Ils ont laissé la sculpture plus longtemps que les 14 jours demandés et ils ont collaboré avec les autorités locales pour lui trouver un emplacement. L'un des adjoints du maire de Copenhague a exprimé dans une lettre "son respect pour la prestation artistique et pour l'importance du travail effectué". Il se déclare d'accord avec le message général.

À Odense, la sculpture se trouve dans la cour d'un lycée qui travaille cette année sur le thème: Le racisme et 'nous les étrangers'. À Århus, la sculpture se trouve dans un quartier d'habitation et à Herning devant un théatre. Mais bien d'autres propositions furent faites pour le nouvel emplacement de La Bête. Outre des lycées et musées d'art, on a par exemple proposé un jardin zoologique avec l'argumentation que 'la sculpture pourrait inciter les visiteurs à s'interroger sur la différence entre les êtres humains et les animaux'.

Sur l'éventualité de l'adoption de la sculpture par son musée, Erik Sørensen, directeur du musée d'art de Århus déclare: "Le message contenu par la sculpture est si puissant que ce serait une méprise de l'enfermer dans le cadre esthétisant d'un musée au lieu de lui laisser vivre sa propre vie. Il faut la placer à un endroit où elle peut marquer son propre espace, de sorte à ce qu'elle soit fortement visible dans l'espace de la ville et reste dans la mémoire des gens".

C'est un emplacement de cet ordre que la sculpture a eu à Copenhague. Malgrè quelques actes de vandalisme, elle est restée non moins de cinq mois sur la Place de la Mairie, place la plus trafiquée de la ville, et a été, en mars 1994, amenée dans sa nouvelle demeure - une place d'un vieux quartier d'habitation - Indre Nørrebro, où les habitants, à la fois des immigrés et des danois, vivent le racisme et la solidarité au quotidien. "Ma Bête Intérieure" a été accueillie par une cérémonie officielle.

La sculpture vient de connaître le même sort que, il y a quelques années, "La Petite Sirène", sculpture symbôle national du Danemark qui se trouve près de la mer à Copenhague. "La Bête Intérieure" s'est trouvée renversée et décapitée pendant quelques temps, mais maintenant elle porte une nouvelle tête et a été bien ancrée entre les pavés de la place.

 

Les bêtes disparues

La révélation visuelle par la sculpture de certains aspects de nous-mêmes que nous préférons ignorer a sans doute été trop directe pour d'autres pays d'Europe. Les municipalités de Marseille, Paris, Amsterdam et Antwerpen ne veulent même pas admettre qu'elles ont participé à un happening culturel européen.

"Amsterdam n'y a pas participé" dit le porte-parole de la municipalité d'Amsterdam. Pourtant, les journaux hollandais ont montré des photos en grand format de Hollandais observant avec curiosité la sculpture de la Place Dam, le lendemain de la mise sur pieds.

La ville belge de Antwerpen était, en 93, ville culturelle, et si dans d'autres circonstances Bob Cool, son maire, s'est exprimé sur l'importance de la culture justement pour le problème du racisme, "Ma bête Intérieure" n'a pas été nommée. Le bureau du maire s'est dépéché, sans avoir pris position, de renvoyer tout matériel aux responsables de la culture, à savoir le secrétariat à la ville culturelle, actuellement supprimé, et les musées de la ville. Là, on fut un peu désorienté. Dans les deux villes, la sculpture se trouve dans un dépôt, mais on refuse de reprendre l'affaire en main.

Par contre, à Bruxelles, on est en train de rechercher un emplacement permanent pour la sculpture, ceci dès que le conseil municipal aura examiné l'affaire.

On ignore combien de temps La Bête Intérieure a pu rester sur la Place de la Bastille, àcôté du monument de la révolution. Le département culturel de la municipalité de Paris nous a demandé de lui faire parvenir une photo de la sculpture afin de pouvoir faire des recherches. On ignore ce qu'il est advenu des documents et photos qui ont été envoyées àplusieurs reprises au maire, au département de la culture et à la presse.

En France la presse n'a même pas nommé le happening. Ceci est frappant premièrement parce que la sculpture a été posée dans les 3 plus grandes villes dont Marseille où Le Pen de l'extrême droite est très populaire et ensuite parce que le problème du racisme est relativement actuel en France. Nous en avons connu d'innombrables exemples ces derniers temps. On peut citer: -En relation avec l'escalade de la guerre civile en Algérie, ancienne colonie française, les citoyens français ou algériens à qui on a refusé l'entrée en France. -Le zel de la police, surtout à Paris et dans sa banlieue, à contrôler les passeports et papiers, apparement avec la devise que plus on est coloré plus on est suspect. -Pour ne pas nommer l'absurde discussion (vue du simple point de vue des droits de l'homme) sur le droit des filles à porter un foulard ou pas, dans la rue ou à l'école. Mais le plus étonnant est que ce n'est pas seulement pour les autorités que la bête est un problème.

Les journalistes français ont été les seuls dans toute l'Europe à totalement ignorer le happening. L'une des raisons pourrait être que la notion de "Bête intérieure" n'est pas vraiment compréhensible dans la culture française. Mais il est plus probable que même pour la presse, le sujet est trop controversé pour être abordé? Ce manque de débat a conduit un certain nombre d'intellectuels français à former une "liste Sarajevo" aux élections européennes afin d'attirer l'attention sur le peu d'engagement des services publics dans la réalité européenne actuelle qui a constamment à son ordre du jour des violations plus ou moins directes des droits de l'homme - tout particulièrement dans l'ex-Yougoslavie.

A Genève, pas non plus de commentaires de la presse sur les centaines de diplomates qui passaient devant "Ma Bête Intérieure" pour se rendre aux réunions dans le Bâtiment de la Fédération des Nations. La Bête était placée juste devant l'entrée principale. Maintenant le cauchemard de tous les fonctionnaires est devenu une réalité: on ignore totalement comment la sculpture a été enlevée et où elle se trouve. Elle n'est enregistrée nulle part, même pas à la police: -"Désolés, votre sculpture a disparu, vous pouvez vous plaindre aux autorités", écrit le Conseil d'État de Genève dans une lettre à l'artiste et on soutient qu'on recherche intensément la sculpture dans le bâtiment de FN. À Zurich, on a enfin découvert qui s'occupe de l'affaire, mais où se trouve la sculpture et ce qu'il va en advenir est encore incertain.

 

Dans les pays nordiques

En Suède et en Norvège, la sculpture est également restée en place plus de 14 jours. Son avenir a été ensuite longuement discuté dans les conseils municipaux.

A Oslo, la sculpture est restée un mois, mais le conseil municipal n'a pas jugé 'sa valeur artistique' suffisante pour figurer parmi les collections d'art de la ville ce qui pourtant avait fait l'objet de proposition. Le département à la culture précise que la 'sculpture se trouve au chaud et en toute sécurité dans un dépôt jusqu'à ce que quelqu'un la réclame, et ce serait une très bonne chose si quelqu'un la voulait'.

-"Nous pensons que c'était une idée valable et pertinente" dit-on à la municipalité de Stockholm. "La sculpture se trouve encore à Dronningsgatan, mais maintenant que le happening est terminé, il faut l'enlever. Nous aimerions bien que le sculpteur vienne la chercher". La sculpture a été enlevée le 1er février 1995 mais peut, comme son homologue norvégien, retrouver une place dans l'espace urbain si quelqu'un en prend l'initiative.

 

Une grosse perte économique.

Le projet "Ma Bête Intérieure" a coûté à la fois du temps et de l'argent que l'artiste a versé de sa propre poche. Le déficit de Dkk 100.000 n'est pas encore couvert bien que plusieurs fonds aient été sollicités.

En 1994, l'artiste a reçu deux prix culturels pour le happening de La Bête intérieure. L'artiste accepte encore avec reconnaissance tout soutien financié -nécessaire à la réalisation de la pose de la sculpture à Moscou - et pour l'aider à couvrir son déficit.

 

Le happening n'est pas fini

Aller chercher les sculptures n'est pas l'objectif de Jens Galschiøt Christophersen. Les Bêtes doivent survivre, - là où elles se trouvent. C'est un cadeau qui a été fait à chaque ville et un cadeau, ça ne se rend pas. L'idéal serait naturellement que l'on trouve une place pour toutes les bêtes où elles puissent être vues et déclancher un débat. Mais c'est àchacune des villes d'en décider.

Dans les villes où l'on continue d'ignorer la sculpture et le happening, on ne peut qu'espérer qu'il se trouve des citoyens pour penser qu'il est préférable de voir sa bête en face plutôt que de l'ignorer.

Jens Galschiøt possède encore une sculpture, et il tente en ce moment de la placer sur la Place Rouge de Moscou et cette fois-ci officiellement. En collaboration avec certains moscovites, il est en train de demander l'autorisation du maire. Il y a en Russie des tendances particulièrement inquiétantes au nationalchauvinisme et des persécutions importantes de groupes minoritaires. Elles trouvent leur expression tout particulièrement en la personne de Sjirinovski qui a obtenu 25% de voix aux dernières élections.

'En posant la sculpture à Moscou de manière officielle, je désire également souligner que nous en Europe de l'Est, nous sommes en partie responsables de ce qui se passe en Russie. Aussi longtemps que nous nous refusons à aider le pays économiquement par ex. en ouvrant nos marchés à ses produits, nous agravons sa crise. Nous savons qu'une crise économique est un terrain propice au développement du racisme. Il est trés difficile d'y construire une nouvelle démocratie.


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Relevant documents
  • European Social Forum, Paris 2003 to the  version of this document  
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    1993: My Inner Beast
    Additional Information:
    Categories: 1993: My Inner Beast | Happenings and Art Installations
    Themes: Racism
    Sculptures: My inner Beast - concrete
    Type: Concepts
    Dates: 1993 | 1994
    Locations: Innsbruck, Austria | Antwerp, Belgium | Brussels, Belgium | Aarhus, Denmark | Copenhagen, Denmark | Herning, Denmark | Odense, Denmark | Lyon, France | Marseilles, France | Paris, France | Berlin, Germany | Bonn, Germany | Munich, Germany | Milan, Italy | Amsterdam, Netherlands | Oslo, Norway | Barcelona, Spain | Stockholm, Sweden | Geneva, Switzerland | Zurich, Switzerland
    Co-operators and Helpers: Egon Roesgaard, Struer | Mayor (culture) of Copenhagen, Bente Frost | Mayor of Aarhus (1993) Thorkild Simonsen | Mayor of Barcelona 1993, Pascual Maragall | Mayor of Bonn 1993, Hans Daniels | Mayor of Copenhagen, Jens Kramer Mikkelsen | Mayor of Herning 1993, G. Schmidt Madsen | Mayor of Innsbruck 1993, Romuald Niescher | Mayor of Odense, Anker Boye | Olav de Linde, Aarhus | Ole Sejersen, Herning | Tom McEwan
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